Mariama Bâ & la révolution féminine : La polygamie, la tradition & la quête d'émancipation dans Une

Découvrez l'héritage monumental de Mariama Bâ, l'écrivaine sénégalaise pionnière du féminisme africain. Son œuvre phare, le roman épistolaire *Une si longue lettre*, publié en 1979, est considéré comme un manifeste puissant et un des plus grands textes féministes africains. Il est même inscrit au programme éducatif du secondaire au Sénégal.

Le roman prend la forme d'une longue lettre écrite par la narratrice, Ramatoulaye, à son amie de longue date, Aïssatou, pour faire le bilan de sa vie après la mort de son mari, Modou Fall. À travers cette confidence, Mariama Bâ expose et critique ouvertement les inégalités entre hommes et femmes dues aux traditions africaines.

L'œuvre explore des thèmes sociétaux brûlants au Sénégal, notamment les souffrances endurées par les femmes au sein du mariage traditionnel, en particulier face à la polygamie, au système des castes, et au manque de place politique des femmes.

L'analyse sociocritique de la lettre révèle trois fonctions majeures de l'épistolaire : donquichottesque, pédagogique et politique. La fonction donquichottesque vise une rénovation morale et sociale en adaptant les mentalités à la nouvelle situation de la femme africaine à l'ère de la modernité. L'œuvre agit comme une véritable diatribe qui ambitionne de changer ou d'améliorer la vie des femmes en Afrique.

Le roman met en lumière la lutte pour l'émancipation et l'importance cruciale de la solidarité féminine (sororité). Les parcours de Ramatoulaye et Aïssatou, qui choisissent respectivement la modération et la rupture après la polygamie de leurs maris, offrent des exemples concrets pour inspirer d'autres femmes. L'éducation est soulignée comme un instrument essentiel de l'indépendance et de la liberté pour les femmes africaines.

Ce roman poignant et émouvant est non seulement un classique de la littérature africaine, mais il continue d'inspirer, comme en témoigne la récente adaptation cinématographique réalisée par Angèle Diabang.

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