Jean-Paul Agon, président du Prix Jean François Prat 2024

La sélection 2024 du Prix Jean-François Prat traite d’une question d’histoire de l’art : comment la peinture peut-elle sortir du plat ? Par nature, la peinture est limitée par son absence de volume : en deux dimensions, elle ne peut rivaliser avec la sculpture ou les installations. C’est en intégrant à sa surface plane des éléments en volume (les objets chez Rauschenberg par exemple) ou en jouant sur l’illusion visuelle (comme dans l’Op Art) que la peinture déjoue sa forme plate. L’autre sens
induit par la question est de savoir si ce qui est plat visuellement est synonyme de platitude.

Chez Henni Alftan, la simplification formelle plate donne l’image nette d’un monde parfait, cadré,
défini, objectif, froid, lisse. Mais ce monde-là est tout sauf froid ou plat : couteaux, reflets, cous,
mains, vêtements, corps de femmes, intérieurs vides et objets relèvent du familier inquiétant et
d’une intensité qui sortent de ces traits simplifiés. La figuration plate et non narrative d’un monde
banal et trop parfait plonge le regardeur dans l’étrangeté.

La peinture de Hyunsun Jeon consiste en une accumulation de traits plats peints à l’aquarelle, parfois d’apparence numérique, et de formes géométriques, réunis sur des toiles sans volume dans une complexité qui finit par créer artificiellement des reliefs, des paysages en volume et des formes d’où ressort la nature. Tout sauf un sujet plat. Bien que peint en deux dimensions, le cône, symbole de fécondité (en botanique) et de croissance (en mathématique), revient souvent comme une matrice dans le travail de l’artiste autour de la nature.

En contraste formel, les toiles de Christine Safa sortent du plat d’une autre manière. Toutes en relief, très chargées de pigments de couleurs intenses, d’épaisseurs et de matière, elles expriment l’empreinte (mélange de souvenir et d’image mentale) d’un moment fort et d’une émotion gardée. Pour autant, ce relief physique ne contredit pas une certaine retenue dans l’expression figurative de personnes, de corps et de paysages.

L’autre caractéristique de la sélection 2024 est qu’elle réunit trois artistes qui se trouvent être des femmes. C’est le hasard des recherches spontanées du comité de sélection et non les quotas sociologiques qui nous a amené à proposer ces trois artistes. De manière générale depuis la création du prix il y a plus de dix ans, une quasi-parité cumulée s’y retrouve, au gré de l’intérêt des travaux des artistes. Serait-ce le signe que la sous-représentation des femmes artistes, qui fut si longtemps pratiquée, a laissé la place à un équilibre devenu plus naturel aujourd’hui ?

➖
Retrouvez la Fondation Bredin Prat sur :
✖ Facebook :   / fondationbredinprat  
✖ Twitter :   / fondsbredinprat  
✖ Instagram :   / fondationbredinprat  
➖
Communication digitale et vidéo par l'agence THE FARM Paris :
✖ Site internet : https://www.thefarm.paris
✖ Facebook :   / thefarmparis  
✖ Instagram :   / thefarmparis  
✖ Twitter :   / thefarmparis  
✖ Linkedin :   / thefarmparis  

Réalisation : THE FARM Paris