Situationship

Il y aurait beaucoup à dire sur ce terme
Comme je le dis dans la vidéo, c’est une zone grise entre couple et non-couple, entre liberté et attachement entre désir de lien et peur de la contrainte.
La sphère affective est maintenant traversée par les logiques du marché : rationalité, performance, consommation. L’autre est alors traité-e comme une ressource émotionnelle temporaire.
La situationship devient un outil de contrôle de soi (surtout) et de l’autre comme un mécanisme de protection. Mais cela reste une illusion de contrôle sur des affects indomptables. La situationship c’est la démonstration d’une fluidité des liens, de la centralité de l’individu et de la précarisation des rapports intimes. Elle marque une mutation sociétale profonde, celle d’un modèle relationnel fondé sur l’engagement et la stabilité vers un modèle de flexibilité affective en totale cohérence avec le capitalisme brutal qui règne dans nos sociétés. Si chaque partenaire valorise la possibilité de se retirer sans contrainte d’un lien sans cadre cela peut générer une souffrance douce sans drame, diffuse, celle de l’incertitude en toile de fond de la relation. Cette incertitude devient la norme relationnelle. Comme une forme d’amour en location. N’est-ce pas ce que l’on voudrait de nous : ne plus rien posséder mais tout louer.
On peut conclure que la situationship est une configuration affective cohérente avec les structures du capitalisme néo-libéral, comme un paradoxe d’une modernité qui fait de l’amour un espace de consommation régulé et de la solitude une condition de l’indépendance.