Tes yeux noirs

Il y a trente-cinq ans, j’ai composé cette chanson. Mon frère l’a offerte en voix nue à sa fiancée, le soir des fiançailles. Depuis, elle garde le parfum d’un serment premier. Hommage à Charlie, dont le regard s’allume au seuil comme une lampe, et à Isabelle, aux profonds yeux noirs où la nuit devient douceur : deux éclats, deux boussoles, la clarté qui rassure et l’ombre tendre qui appelle.
Curieusement, ça n’a rien à voir avec des fiançailles, et c’est sans doute pour cela que le moment nous a touchés : le décalage a rendu la vérité plus vive.

Si j’écoute encore « Tes yeux noirs », j’entends la jeunesse tenir sa promesse et le silence dire plus que les mots. Et pourtant, avec les années, le même air change de lumière : il me parle d’aujourd’hui, de nos vies qui se recomposent, et fait naître d’autres sentiments, plus modernes peut-être, mais toujours fidèles à la première émotion.