Les Faux Pouvoirs du Premier Ministre ? Pourquoi Ousmane Sonko Inquiète Tant | Analyse Complète

Depuis quelques jours, un débat artificiellement amplifié occupe une partie des médias traditionnels : la question des « faux pouvoirs » du Premier ministre. Cette expression, répétée en boucle dans certaines émissions, cherche à faire croire que la fonction occupée par Ousmane Sonko serait affaiblie, presque décorative. Pourtant, lorsqu’on analyse froidement la Constitution, les textes, et surtout la réalité politique du pays, on se rend compte que cette narration repose plus sur une stratégie de communication que sur des faits. En réalité, Sonko occupe une position centrale, structurante et redoutée dans le nouvel appareil exécutif.

La confusion autour des pouvoirs du Premier ministre vient d’abord d’une méconnaissance volontairement entretenue. Le retour de cette fonction, supprimée sous Macky Sall puis rétablie sous le nouveau régime, ne s’est pas fait dans le vide. Il répondait à une exigence de gouvernance : séparer le rôle stratégique du président — garant des orientations nationales — et celui du chef du gouvernement, chargé de conduire l’action publique au quotidien. Dans ce cadre, Sonko n’est pas seulement un Premier ministre. Il est la matrice intellectuelle et politique de la rupture qui a porté le duo Diomaye–Sonko au pouvoir.

Ce que certains commentateurs tentent de minimiser, c’est que Sonko dispose du contrôle opérationnel sur l’ensemble des ministères. La coordination gouvernementale, la planification des politiques publiques, la supervision des réformes prioritaires : toutes ces missions relèvent directement de la Primature. La présence du Premier ministre à l’Assemblée nationale, où il répond sans filtre aux députés, renforce encore son exposition et son influence. Aucun autre acteur de l’exécutif n’est autant confronté au débat national. Cette responsabilité n’a rien de « faux » : elle est réelle, quotidienne, mesurable.

Il faut aussi comprendre une réalité politique que beaucoup d’analystes hésitent à dire ouvertement : Sonko reste, dans l’imaginaire populaire, le visage principal du projet de rupture. Sa légitimité ne se limite pas au vote. Elle s’est construite dans l’opposition, dans les épreuves, dans une proximité avec le peuple que peu de dirigeants africains ont aujourd’hui. Cette symbolique renforce son poids institutionnel. Un Premier ministre qui bénéficie d’un capital politique supérieur à celui de la plupart des chefs d’État de la région ne peut pas être réduit à un rôle décoratif. Les critiques qui prétendent le contraire le savent parfaitement.


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