HEXAGONE — 2025

Hexagone — France's Not Dead

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PAROLES

En janvier, t’es réveillé par trois types dans ton hall,
Ils fouillent, ils prennent tout, même ton vieux tourne-disque.
Les flics viennent, te font un sourire : "On fera ce qu’on peut, mon gars",
Mais t’as l’impression d’habiter dans un couloir sans cadenas.

En février, une gamine se fait tirer son sac,
Elle tombe sur le verglas, personne n’a vu l’attaque.
Ça file comme un éclair, ça prend, ça part, ça s’efface,
Et les passants secouent la tête : "C’est l’époque, faut faire face."

Mars cogne sans raison dans un métro trop tard,
Un type te regarde de travers et t’offre un oeil noir.
On t’explique après coup que c’est une tension passagère,
Mais ton t-shirt, lui, se souvient de la lame qui faisait la fière.

Et pendant ce temps-là,
La France s’use, la France glisse,
La France se met en pièces,
La France se tiers-mondise.

Avril laisse une fille solitaire prendre un autre chemin,
Elle croyait rentrer vite, elle rentre le cœur en vrac.
Le juge dira demain qu’faut comprendre son voisin,
Et le soir tu dis à ta soeur : "Rentre plus jamais sans faire gaffe."

En mai, un patron du coin disparaît sans prévenir
On demande une rançon qu’on n’ose pas contredire.
La ville fait semblant de respirer normalement,
Mais les bruits courent plus vite que les gosses dans le vent.

Juin plante des couteaux pour un regard de travers,
Un mot mal placé, et on se finit à la pierre.
On dit que c’est isolé, que faut pas généraliser,
Mais les fleurs sur les trottoirs savent très bien additionner.

Et pendant ce temps-là,
La France s’use, la France glisse,
La France se met en pièces,
La France se tiers-mondise.

Juillet brûle la nuit de scooters anonymes,
Ça tourne, ça vend, ça joue à se croire des rois du crime.
Les mamies ferment les volets, les mômes rentrent plus tôt,
Pendant que les maires sourient : "Tout va bien dans nos ghettos."

Août porte une cicatrice qu’on ne veut plus nommer,
Un cri dans une gare, un silence qui se fait faucher.
On parle de loup solitaire, jamais de la terreur,
Et les fleurs déposées ne rassurent plus les coeurs.

Septembre voit des gamins d’à peine treize ans passer,
Avec des gestes trop sûrs pour des mômes du quartier.
On dit c’est l’âge ingrat, faut pas trop sévir,
Mais c’est eux qui dictent l’heure à laquelle faut rentrer.

Et pendant ce temps-là,
La France s’use, la France glisse,
La France se met en pièces,
La France se tiers-mondise.

Octobre transforme la ville en chantier d’incendies,
Des poubelles qui explosent, des magasins meurtris.
On te jure que c’est social, qu’faut laisser respirer,
Mais le pompier essoufflé ne dort plus depuis l’été.

En novembre, une balle perdue claque sur un trottoir,
Pour un drapeau, une idée, un vieux bout de pouvoir.
La ville s’agenouille, les passants regarde le sol,
Et les experts en plateau récitent le protocole.

Décembre fout en cabane un candidat trop tôt,
Et l’élection s’égare comme un bateau sans mât.
On dit justice indépendante, mais c’est drôle, tu remarques trop
Que la démocratie boite quand on lui coupe un bras.

Et pendant ce temps-là,
On dit que c’est nous qui dramatisons.
Mais quand la peur devient la norme,
C’est bien que la France se tiers-mondise.

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