S15 Revisiter le complémentarisme de Georges Devereux interrogations à partir de la clinique et de

Date : 22 11 22 à 19H

Titre : Revisiter le complémentarisme de Georges Devereux : interrogations à partir de la clinique et de la recherche interculturelle

Orateur : Gesine Sturm, MCF en psychologie interculturelle, UT2J, LCPI EA 4591, psychologue clinicienne, CMP La Grave, CHU de Toulouse.

Argument : La « méthode complémentariste » est une des innovations méthodologiques les plus ingénieuses de Georges Devereux. Face aux données complexes, tel que le comportement humain, Devereux propose, exige, une approche qui combine plusieurs analyses, suivant des méthodes différentes, de façon obligatoire, mais non-simultanée.
Pour en donner un exemple, emprunté à Patrick Fermi, l’observation « le 14 février, un homme offre des fleurs à une femme » ne pourra pas être compris dans toute sa signification sans qu’on articule une analyse de l’expérience subjective de cet homme, de son ressenti et de ses motivations avec une deuxième analyse qui prend compte de la signification culturelle de cet acte.
La méthode complémentariste fascine surtout par les interrogations qu’elle provoque – moins qu’une réponse méthodologique, elle est une question qui continue à nous demander des réponses adaptées : comment répondre, dans la clinique et dans la recherche, à l’intrication entre le monde intérieur, l’expérience vécue, la subjectivité et la pluralité des contextes (relationnels, sociaux, culturels, politiques, …) qui vont marquer cette expérience ?
Au niveau des pratiques de la clinique interculturelle, le complémentarisme de Devereux a amené les cliniciens de la tradition ethnopsychanalytique à inventer des dispositifs qui facilitent un travail de va-et-vient entre différents niveaux d’analyse : concernant la dynamique psychique et relationnelle puis la dimension sociale et culturelle dont la compréhension s’impose pour arriver à une compréhension juste dans un contexte interculturel.
Au niveau de la recherche, la méthode complémentariste de Devereux indique des principes qui ont été repris plus récemment dans les travaux sur ce qu’on appelle la triangulation : l’articulation de plusieurs perspectives, méthodes et/ou théories qui permettent de mieux saisir un objet de recherche dans toute sa complexité.
Dans la conférence proposée, j’aborderai ces deux aspects, l’apport du complémentarisme de Devereux à la clinique et à la recherche, en indiquant les pistes permettant de lier ces travaux avec des réflexions actuelles sur la clinique et la recherche.