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Автор: Bernard Fialaire
Загружено: 2025-03-27
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Le déterminisme social et la discrimination sont des sujets cruciaux, notamment en ce qui concerne l'interdiction du redoublement dans les études de médecine. Hier soir, j'en discutais avec le doyen de la Faculté de médecine de Lyon. Nous avons constaté que des étudiants issus de quartiers défavorisés réussissent en deuxième année, souvent après une année d'adaptation pour acquérir le vocabulaire et les compétences nécessaires. L'enseignement secondaire, souvent sélectif, favorise les enfants de catégories socio-professionnelles élevées (CSP+) dans les lycées d'excellence des grandes villes, au détriment des autres étudiants.
Un autre aspect méconnu est l'existence d'officines qui accompagnent les étudiants dès le collège ou le lycée. Certaines familles payent pour que leurs enfants préparent leur première année de médecine dès la terminale, voire la première, avec des moyens financiers que toutes les familles n'ont pas. Cette inégalité se poursuit en première année, où la réussite est souvent liée à cet accompagnement payant. À Lyon, le doyen estime que ces officines génèrent un chiffre d'affaires d'environ 2 millions d'euros, avec des fonds d'investissement qui commencent à s'y intéresser. Cette situation est profondément injuste.
Il est également important de noter que certains étudiants bénéficient de deux premières années de médecine, ce qui n'est pas nécessairement un échec. Beaucoup acquièrent des compétences précieuses et peuvent s'épanouir par la suite. Par exemple, la présidente des maires de France du département du Rhône a échoué sa première année mais, après redoublement, elle est devenue major de sa promotion chaque année. La suppression du redoublement est donc discriminatoire.
En Allemagne, face à des problèmes similaires de déserts médicaux, une proposition intéressante a été faite : réserver des places aux étudiants ayant échoué, à condition qu'ils s'engagent à exercer en zone rurale pendant plusieurs années. Cela permettrait de récupérer des étudiants compétents qui ont échoué de peu et de répondre aux besoins médicaux des zones rurales. Cette approche pourrait être une solution pour réduire les inégalités et valoriser les parcours atypiques
Les réponses de Philippe Baptiste
Je souhaitais aborder le sujet du déterminisme social, un thème que nous avons déjà évoqué à plusieurs reprises. Bien que je ne l'aie peut-être pas mentionné moi-même, j'ai pris connaissance des statistiques suivantes : en 2006, une étude de l'Agence de la Démographie Médicale révélait que 40 % des médecins, pharmaciens ou chirurgiens-dentistes en activité étaient des enfants de cadres supérieurs, contre seulement 13 % pour les infirmières. Cela met en évidence un biais sociologique majeur.
Ce déterminisme social est également géographique. Les cadres supérieurs résident principalement dans les grandes villes et les métropoles. Ce phénomène a des répercussions sur la question des déserts médicaux, car les étudiants issus de milieux ruraux sont souvent plus enclins à s'installer dans ces mêmes milieux ruraux. Bien que ce ne soit qu'une statistique globale, elle mérite d'être prise en compte, car elle soulève un point crucial.
et Yannick Neuder
Je tiens à préciser que lorsque j'ai mentionné les classes préparatoires, je voulais souligner que même si les étudiants ne réussissent pas le concours visé après deux ans, ils obtiennent souvent des équivalences valorisantes. En revanche, faire deux années de première année de médecine sans succès ne mène généralement à aucune équivalence exploitable. Je ne dis pas que ces années sont perdues, mais elles sont difficiles à valoriser en dehors de la filière médicale.
Il est crucial de réintroduire le redoublement dans la réforme que nous proposerons avec le ministre de l'Enseignement supérieur. Le redoublement ne doit pas être vu comme discriminatoire ; au contraire, il offre une deuxième chance à de nombreux étudiants talentueux. Par exemple, 80 % de mes collègues de promotion n'auraient pas pu devenir médecins sans cette opportunité de redoubler.
La question de la maturité est également importante. Certains étudiants, notamment ceux qui sont en avance d'un an, peuvent se retrouver en première année de médecine à 17 ans, ce qui n'est pas toujours facile à gérer.
Concernant les zones rurales, il est essentiel de formuler avec soin les propositions pour éviter de créer des inégalités. L'idée d'ouvrir des places pour ceux qui ont échoué de peu et qui s'engagent à exercer en zone rurale est intéressante, mais il faut veiller à ne pas stigmatiser ces zones comme des lieux d'exercice pour les moins bien classés. Il est important de valoriser l'excellence partout, qu'il s'agisse des milieux urbains ou ruraux.
En résumé, il faut trouver un équilibre pour offrir des secondes chances tout en préservant l'équité et la qualité des soins dans toutes les régions.
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