On accusa ma fille d’insolence — jusqu’à ce que l’institutrice montre son cahier déchiré

Auguste Mercier était menuisier dans le faubourg Saint-Antoine, à Paris. Sa fille Célestine, neuf ans, était son trésor : une enfant brillante qui rêvait de devenir institutrice. Mais un matin d'octobre 1897, tout s'effondre. Madame Fontaine, la directrice de l'école, accuse Célestine d'insolence.

Le "crime" ? La fillette avait simplement levé la main en classe pour dire : "Madame la Directrice, pardonnez-moi, mais je comprends très bien mes leçons et j'aimerais continuer à les apprendre." Poliment. Respectueusement. Une enfant qui défendait son droit à apprendre.

Mais Madame Fontaine ne l'entend pas ainsi. Pour elle, une fillette d'ouvrier qui aime trop l'école, c'est une menace. Elle menace de renvoyer Célestine. Elle ordonne à l'institutrice, Mademoiselle Dubois, de déchirer les devoirs de l'enfant en punition.

Voilà le moment où tout bascule. Mademoiselle Dubois, cette jeune institutrice courageuse, refuse de garder le silence. Elle brandit son petit carnet noir, celui qu'elle tient depuis trois ans, et révèle l'ampleur du mensonge : seize enfants d'ouvriers renvoyés en trois ans, toujours les mêmes motifs, toujours les mêmes "fautes" inventées.

Mais ce n'est que le début. Les enquêteurs découvrent que Madame Fontaine orchestre une escroquerie massive. Elle touche les subventions publiques calculées sur le nombre d'élèves inscrits, puis elle renvoie méthodiquement les enfants de condition modeste pour réduire ses frais d'exploitation. Total détourné : 8 000 francs-or en trois ans.

Auguste ne sera pas silencieux. Avec l'aide d'un notaire intègre et d'un inspecteur de police décidé, il prépare une confrontation publique. Madame Fontaine, accusée de ses propres crimes, s'effondre. Elle avoue ses préjugés de classe, son mépris systématique, ses magouilles financières.

Le procès fait la une des journaux. Deux ans de prison avec sursis. Interdiction d'enseigner à jamais. Une victoire pour la petite Célestine. Une victoire pour tous les enfants du peuple.

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