Les États Généraux Réunionnais de l'Agriculture et de l'ALIMentation - version longue

Les ÉGRAALIM (États Généraux Réunionnais de l'Agriculture et de l'ALIMentation durables et résilientes) sont proposés comme une réponse urgente et nécessaire à plusieurs défis cruciaux auxquels La Réunion est confrontée.
Les motivations profondes derrière l'organisation des ÉGRAALIM sont les suivantes :
• Insatisfaction envers les initiatives passées : Il existe un consensus chez les acteurs professionnels et institutionnels concernés, qui, déçus par le manque de moyens des ÉGALIM (États Généraux de l'ALIMentation) lancés par le Gouvernement en 2017-18, demandent depuis plusieurs années une véritable « souveraineté alimentaire durable à La Réunion ».
• Dépendance alimentaire critique et dangers géopolitiques : La Réunion dépend dangereusement d'un taux de 80% d'importation alimentaire, un chiffre qui peut atteindre 95%. Cette dépendance est rendue de plus en plus dangereuse par des événements géopolitiques très graves au niveau mondial, qui peuvent entraîner un blocage complet des transports maritimes et des ruptures d'approvisionnement. Cette situation rappelle les « Années terribles 1942-43 », où l'île était dans un contexte de forte résilience malgré une population bien moindre et plus de terres cultivées qu'aujourd'hui.
• Perte significative de terres agricoles : L'île a perdu 4 000 hectares de terres agricoles en 10 ans, ne laissant que 38 000 hectares, dont 20 400 hectares de canne. Les « États généraux de la canne » tenus précédemment sont jugés insuffisants pour l'intérêt général, car l'avenir de la canne ne peut plus être envisagé indépendamment des autres filières.
• Urgence d'agir face à la destruction environnementale et sanitaire : Les promoteurs des ÉGRAALIM interpellent sur la nécessité d'agir concrètement pour instaurer la transition agroécologique avant d'être confrontés à un « mur implacable de la destruction environnementale et sanitaire ».
Les objectifs des ÉGRAALIM sont multiples et visent à transformer en profondeur le système agricole et alimentaire de l'île :
• Instaurer la transition agroécologique : L'un des objectifs principaux est d'initier et de concrétiser la « transition agro écologique » à La Réunion.
• Atteindre la souveraineté alimentaire durable et l'autonomie : Les ÉGRAALIM ont pour but d'atteindre au plus vite la qualité et la quantité alimentaires (autosuffisantes) à produire sur l'île d'une manière totalement indépendante (autonomie) des importations actuelles. Cela implique de « réduire notre dépendance aux importations, valoriser nos filières locales, et construire une agriculture raisonnée, durable, capable de répondre aux besoins des Réunionnais ».
• Assembler toutes les parties prenantes : Les ÉGRAALIM sont définis comme une assemblée des représentants de toutes les parties prenantes sur le sujet de la « véritable souveraineté alimentaire », afin de l'aborder le plus complètement possible. Cela inclut les acteurs institutionnels, professionnels et les citoyens consommateurs.
• Prendre en compte le contexte spécifique de La Réunion : Ils tiendront compte du contexte pédoclimatique, ethnique, sociologique, démographique, traditionnel et culturel spécifiques de l'île.
• Promouvoir une agriculture respectueuse de l'environnement : L'agriculture visée est celle qui intègre des pratiques respectueuses du vivant et de l'environnement, en adéquation avec une alimentation de qualité définie démocratiquement par les consommateurs. Cela inclut la valorisation de pratiques alternatives et biologiques.
• Inscrire l'alimentation dans le Droit Humain à l'Alimentation : L'alimentation, qui concerne absolument tout le monde, y compris les agriculteurs, doit s'inscrire impérativement dans « Le Droit Humain à l'Alimentation », adopté par 192 Nations de l'ONU.
• Assurer la durabilité et la résilience :
◦ Durabilité : Dans un concept clair de « durabilité » et de « continuité » assurée par une fertilisation organique régénérative locale, permettant de satisfaire les besoins des générations présentes sans compromettre ceux des générations futures.
◦ Résilience : En recherchant et en atteignant rapidement l'autosuffisance alimentaire face aux risques de ruptures d'approvisionnement mondiales.
Le consensus général des municipalités consultées confirme une forte volonté politique à La Réunion pour avancer vers ces objectifs de souveraineté alimentaire durable, de transition agroécologique et d'éducation environnementale et alimentaire renforcée pour les jeunes générations. Cette démarche s'inscrit également dans la continuité des ÉGALIM 2017, de la Trajectoire Outre-Mer 5.0 et du Plan Agripéi 2030