Musique bretonne : gavotte de l'Aven sonnée par les frères Louet des Melenik - Elliant

LES FRÈRES LOUET
des Melenik — Elliant

Premier Prix au Concours de Sonneurs - Fêtes de Cornouaille 1958

En Bretagne, les danses traditionnelles sont animées par deux instruments, la bombarde et le biniou, dont le second jouit d’une telle renommée qu’il évoque à lui seul notre province. C’est pourtant le premier qui mène le jeu et qui commande en chef. Ce mot bombarde, dans le vieux langage français, désigne exactement la basse de hautbois et notre bombarde est, en effet, un hautbois rustique, une sorte de flûtiau terminé par un pavillon évasé. On y souffle par l’intermédiaire d’une anche qui est l’âme de l’instrument. Cette anche précieuse est ordinairement en roseau. Mais il y en eut naguère en corne de vache bouillie, étirée en lamelles, usée à la meule, détrempée dans un bain d’eau-de-vie de cidre. Il y en eut en paille de seigle et l’on devait les couper de nuit, à telle phase de la lune, dans un champ de telle exposition, entre le troisième et le quatrième nœud, sinon elles n’avaient aucune vertu. Quoi d’étonnant si les “stridences étranges” de la bombarde excitaient nos ancêtres jusqu’au délire !

Quant au biniou, c’est une outre qui contient une réserve d’air alimentée par une embouchure (sutell) et régie par un bourdon (korn-boud), tandis qu’un chalumeau (leriad) permet le jeu. Il appartient au groupe atlantique de la nombreuse famille des cornemuses, les instruments les plus populaires du temps passé. Autrefois, l’outre du biniou était en peau de chien, l’absence de pores donnant une meilleure étanchéité. Le binaouer inventait pour l’entretenir les mélasses les plus secrètes. Les anches, aussi, étaient l’objet de grands soins et certaines se voyaient réputées diaboliques. Au reste, le biniou est un orgue incomplet, comme la bombarde est un hautbois inachevé. Mais sa mouture sonore fait un accompagnement argileux aux attaques nerveuses et claires de la bombarde, et le couple d’instruments disperse les échos de la joie bretonne aux sept vents du diable. Un breton de bonne souche ne peut guère y résister. Quand les deux sonneurs ont achevé la gavotte, les bals et le jabadao qui forment la suite la plus commune en Basse Cornouaille, les danseurs, seulement mis en appétit, réclament une autre “aubade” aux cris de “chouez er beuz !” (souffle dans le buis !).

Pierre HÉLIAS

DISQUE MOUEZ BREIZ N° 4531 MÉDIUM
Ce disque est titulaire du Label Art et Qualité - Bretagne

Gavotte de l’Aven - Bal à Deux
Gavotte des Montagnes - Jabadao