La Bande des 4 (Episode 3) - Jafar Panahi, Richard Linklater, Hafsia Herzi & Johan Grimonprez
Автор: Microciné Revue de cinéma et de télévision
Загружено: 2025-10-29
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L’émission s’ouvre sur un bruit, non sur une voix : celui d’un train, d’une parole hachée par la vitesse. Élie Bartin parle depuis un wagon, la connexion se défait, se refait. Et déjà, tout est là : le motif de la soirée, celui d’une parole qui cherche à passer malgré les coupures. La Bande des Quatre devient alors une expérience d’écoute, un film radiophonique sur la transmission.
Nous avons, avec Zoé Lhuillier (Tsounami), Stéphane Michel (On se fait un ciné) et Élie Bartin (Les Cahiers du cinéma, Super Seven & On se fait un ciné), invité quatre films dans le même souffle : Un simple accident de Jafar Panahi, Soundtrack to a Coup d’État de Johan Grimonprez, Nouvelle Vague de Richard Linklater et La petite dernière de Hafsia Herzi. Quatre tentatives de rétablir une ligne entre le réel et son image, entre le monde et sa mémoire.
Le film de Panahi, d’abord, apparaît comme une reprise de souffle. Après les années d’interdiction, il retrouve la fiction à la manière d’un exilé revenant chez lui : avec gêne, avec tendresse. Tout semble suspendu, hésitant. Les personnages tournent dans le désert comme des pensées cherchant leur issue. Un simple accident n’avance que par arrêts, par reprises — et c’est sans doute là son sujet : la lente guérison d’un regard blessé. On y sent la tension entre liberté retrouvée et peur d’en user, la beauté du geste qui hésite.
Avec Soundtrack to a Coup d’État, le cinéma quitte le désert pour le tumulte. Grimonprez assemble les archives du siècle comme un musicien improvise : le montage est un instrument, le monde une partition dissonante. Les discours politiques, les rires de Louis Armstrong, les silences d’Eisenhower forment un poème sonore où l’Histoire se révèle par sa cacophonie. Ce n’est pas un film de mémoire, mais de rythme : le jazz comme méthode pour comprendre la violence, l’écoute comme résistance. On en sort étourdi, traversé par une idée simple — que le cinéma, parfois, doit se taire pour mieux entendre.
Vient ensuite Nouvelle Vague de Richard Linklater, fantaisie américaine sur un mythe français. Le film rejoue la naissance de la modernité, mais à distance, avec la légèreté de celui qui sait que tout a déjà eu lieu. Godard, Truffaut, Seberg, tous sont là, mais comme des ombres rejouant leur propre légende. Linklater ne fait pas hommage : il questionne la possibilité même du recommencement. Derrière la reconstitution affleure une mélancolie discrète — celle d’un cinéma qui voudrait retrouver la fraîcheur de son premier regard. C’est un film sur l’amitié, sur l’élan d’une jeunesse qui se reforme dans le souvenir, mais aussi sur la nostalgie d’un art devenu citation.
Et puis La petite dernière, film d’un autre combat, celui de la clarté intérieure. Hafsia Herzi y filme une jeune femme écartelée entre deux fidélités — à ce qu’elle ressent et à ce qu’elle croit. Le film avance à pas tremblants, dans une lumière nue, au bord du silence. Chaque geste semble chercher un lieu où le corps et l’esprit puissent cohabiter sans se trahir. Rien n’est démontré : le récit se construit par creux, dans le tremblement d’un visage, la pudeur d’un mot retenu. La petite dernière trouble parce qu’il regarde sans détour cette lutte secrète entre l’élan du cœur et la verticalité de la foi. Et la dernière scène, face à la mère, ne réconcilie rien — elle laisse seulement affleurer la possibilité d’un apaisement futur.
De film en film, une même respiration parcourt l’émission : celle du monde qui tente de retrouver sa fréquence. Panahi cherche à recoller l’image, Grimonprez à faire entendre le chaos, Linklater à recommencer l’histoire, Herzi à réconcilier l’âme divisée. Et nous, autour de la table, essayions de maintenir la conversation malgré les grésillements, les absences, les distances. Quand Élie, le lendemain, a réenregistré ses capsules pour les insérer dans l’émission, c’était comme si le cinéma lui-même reprenait la parole après la coupure.
Ce soir-là, La Bande des Quatre n’a pas seulement parlé de cinéma : elle en a refait le geste. Une parole fragmentée, ralentie, reprise, devenue forme. Entre les silences, les archives et les trains, une seule chose a persisté : ce désir obstiné de rester reliés. Peut-être est-ce cela, finalement, le cinéma — une tentative inlassable de rétablir la connexion.
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