Xavier Dolan feat. Shiva Fouladi & Jean-Max Mejean
Автор: Microciné Revue de cinéma et de télévision
Загружено: 2025-11-01
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On pourrait dire que tout a commencé par une main. Une main qui écrit, dans "Tom à la ferme", comme si écrire était déjà filmer. Chez Dolan, les mots ont toujours eu ce destin : finir dans la lumière, sur une peau, sur une larme, dans un souffle de pop. C’est peut-être de cela que partait la conversation, cette émission enregistrée avec Shiva Fouladi et Jean-Max Méjean, une de ces rencontres où parler du cinéma revient à le revivre, à le réinventer dans la parole même.
Ils venaient présenter un livre, "Xavier Dolan, la folie des passions", mais c’est bien plus qu’un livre dont il s’agissait. Plutôt d’un paysage : celui d’un cinéma trop jeune pour être classé, trop sincère pour être théorisé, trop populaire, au sens noble, pour être analysé froidement. Dolan, disaient-ils, n’appartient à aucune école, il arrive brut, presque insolent, comme un visage sans maquillage. Son cinéma est une solitude qui s’ignore, une émotion qui ne cherche pas d’alibi.
Jean-Max Méjean parlait de Fellini, de Visconti, de ces figures qui hantent toute cinéphilie, mais sans jamais l’écraser. Il disait que Dolan avait quelque chose du funambule, un pied dans le réel, l’autre dans le rêve, un œil dans le miroir, l’autre dans le monde. Ce regard-là, mi-lyrique, mi-documentaire, qui suspend le réel sans le nier, c’est peut-être ce qu’il appelait le « plan dolanien ». Un plan qui ne juge pas, qui ne dénonce pas, mais qui cherche la ligne exacte où le visage humain devient paysage intérieur.
Shiva Fouladi, elle, parlait d’émotion. Pas celle, immédiate, qui éblouit, mais celle qui s’enfouit, qui se sédimente. Dans "Mommy", disait-elle, tout est là : l’explosion d’un cri, l’éclat d’une fenêtre qui s’ouvre, la brutalité d’un amour maternel qui étouffe autant qu’il sauve. Elle voyait dans ce film le début d’une deuxième vie du cinéaste, un cinéma plus conscient de lui-même, plus grave, plus clair. Comme si Dolan, en filmant ses personnages, se filmait enfin en train de grandir.
Et puis il y avait cette idée, belle et dangereuse, que Dolan est un cinéaste populaire. Pas populiste, précisait Jean-Max, populaire comme l’était le néoréalisme, c’est-à-dire enraciné dans les gestes ordinaires, dans la langue parlée, dans la douleur quotidienne de ceux qui aiment sans savoir comment. Chez Dolan, la mère revient toujours, non comme motif, mais comme syntaxe : tout part d’elle, tout revient à elle, comme si chaque plan était un battement du cœur maternel.
Par moments, la conversation ressemblait à un film de Dolan lui-même : rapide, électrique, coupée d’élans et de silences. Les phrases s’enchaînaient, se contredisaient, se caressaient. On ne savait plus si l’on parlait de Dolan, de nous, ou du cinéma tout court. C’est peut-être ça, le secret de ces échanges : retrouver le cinéma non comme objet d’étude, mais comme expérience commune — un territoire d’émotions partagées où la critique se fait confidence.
Il y eut aussi des mots sur la famille, sur cette communauté qu’on choisit et qu’on filme. Dolan, disaient-ils, n’appartient pas à la communauté « gay » comme on dirait d’un club : il appartient à la communauté du sensible, à ceux qui n’ont d’autre drapeau que leur vulnérabilité. Il filme les liens, pas les appartenances ; les blessures, pas les discours. Son cinéma ne revendique rien, il s’émeut — et c’est déjà un acte politique.
À la fin, il restait cette impression étrange d’avoir assisté à quelque chose de plus vaste que l’enregistrement d’une émission : une sorte d’épreuve du regard. Comme si, en parlant de Dolan, Shiva et Jean-Max parlaient aussi de la critique, de sa nécessité, de son impuissance parfois. Car ce qu’ils disaient, au fond, c’est que le cinéma ne s’explique pas : il se partage, il se respire, il s’éprouve dans la parole des autres.
"Xavier Dolan", la folie des passions n’est pas un simple hommage à un jeune prodige du Nord. C’est une tentative de comprendre pourquoi certains films nous tiennent lieu de miroir — de ces miroirs qui ne reflètent pas le visage, mais la part de nous qui reste invisible, celle qui aime, qui souffre, qui rêve.
Et c’est peut-être là que réside toute la beauté de cette émission : dans ce moment suspendu où la critique cesse d’être un commentaire pour devenir, enfin, un acte d’amour.
Livre disponible ici : https://www.editions-harmattan.fr/cat...
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