Bonneval

Sa voix était douce et soyeuse, et son accent de nulle part : elle prononçait toutes les syllabes avec une intonation à peine chantante qui faisait danser les mots à l'oreille...
Elle lui dit alors :
"Tu aimes l'Impressionnisme, que l'on regarde avec émerveillement en clignant les paupières pour faire vibrer la lumière, tu aimes Monet que j'aime aussi, mais je vais t'apprendre le Surréalisme...
Tu vois ce tableau, tu vois ce chemin dans la campagne, cette ouverture sur le pré, c'est ici que je t'emmène..."
Et lui, tout interdit de surprise, complétement fasciné par ce paysage, ébloui par la lumière, aimanté par la chaleur si familière de Bonneval,
sans qu'il pût faire un geste, il la vit franchir le cadre du tableau, et s'éloigner...
Elle s'éloignait lentement en lui tendant ses mains pleines de ses rêves et souvenirs d'enfance : les après-midi de gardiennage des vaches, la fraîcheur bienfaisante du sous-bois là-bas... là-bas...