Cette sortie de Mokia va faire parler tout Kinshasa — Interview Télé Cette sortie de Mokia va faire

Télé 50 reçoit Gabriel Mokia pour un entretien percutant : diagnostic du pays, orientation politique, conseils à la jeunesse, et message clair aux dirigeants. Une vidéo à ne pas manquer pour comprendre sa vision.

🔶 Sur l’accord Tshisekedi – Kagame et la situation sécuritaire

Journaliste :
Un nouvel accord entre le Président Tshisekedi et Paul Kagame est annoncé. Beaucoup espèrent qu’il ramènera la paix. Pensez-vous que cela soit possible ?

Gabriel Mokia :
Je ne crois pas. Kagame et son système ont toujours nourri l’idée de prendre une partie du territoire congolais. C’est ce qu’on enseigne même dans certaines écoles au Rwanda : “Goma et Bukavu nous appartiennent”.
Peu importe le nombre d’accords, leur objectif ne change pas : affaiblir la RDC et tuer les Congolais.

Si nous ne nous préparons pas militairement, l’adversaire ne nous craindra jamais. Aujourd’hui, entrer en RDC, pour eux, c’est comme traverser un couloir : ils viennent, ils tuent, ils se promènent.
Je demande aux autorités d’arrêter de jouer avec ce pays : un État ne se gère pas comme un match de football où chacun dribble l’autre. Nous devons montrer notre force.

Journaliste :
Le gouvernement défend pourtant l’idée que signer des accords est une autre façon de contenir la crise…

Gabriel Mokia :
Non. Les accords sont perçus comme une faiblesse. Si je suis fort, personne ne m’arrache mon stylo.
Signons des accords sans rapport de force ? Ça ne marchera pas.

Depuis des décennies, c’est la même stratégie : AFDL, RCD, CNDP, M23… toujours les mêmes parrains derrière. Et nous, nous restons passifs.
Pourquoi ne pas utiliser aussi nos moyens pour les inquiéter ? Pourquoi laisser les armes aux autres seulement ?

🔶 Sur la balkanisation

Journaliste :
Vous avez souvent parlé de la balkanisation…

Gabriel Mokia :
Lumumba avait déjà dénoncé cela, on s’est moqué de lui. Aujourd’hui nous comprenons que c’était vrai : il existe un projet de découper le Congo.
Avant même l’indépendance, certains groupes venaient acheter des terres dans le Kivu, attirés par l’or, le diamant. Le projet ne date pas d’hier.

Nous devons cesser la naïveté. Nos jeunes sont nombreux. Pourquoi ne sont-ils pas mobilisés pour défendre la République ?

🔶 Sur le dialogue politique interne

Journaliste :
L’opposition réclame un dialogue interne. Pourquoi y être opposé ?

Gabriel Mokia :
Parce que nous avons déjà fait trop de dialogues : Sun City, la CENI, l’Accord de la Saint-Sylvestre… Quel en a été le résultat ? Rien.
Toujours les mêmes conclusions, qui ouvrent la porte aux rebelles.

Le vrai problème n’est pas le dialogue. Le vrai problème, c’est la défense territoriale.
Tant que nous n’assurons pas l’intégrité de notre territoire, nous parlerons pour rien.

🔶 Sur la gouvernance et la gestion du pays

Journaliste :
Un nouveau gouvernement est attendu en janvier. Peut-il changer les choses ?

Gabriel Mokia :
Changer quoi ?
Nous avons des ministres qui vivent dans l’arrogance, comme si le pays leur appartenait.
Le rôle d’un ministre, c’est de protéger le territoire national. Pas de profiter.

Nous avons des autorités qui ne voient pas la réalité : saleté, insécurité, guerre…
Elles ne font rien. Et pendant ce temps, on négocie aux États-Unis, au Zimbabwe, partout, sauf sur le terrain.

🔶 Sur la ville de Kinshasa

Journaliste :
Kinshasa fait face à de nombreuses difficultés : insalubrité, inondations, constructions anarchiques… Le gouverneur doit-il démissionner ?

Gabriel Mokia :
On nomme un gouverneur pour travailler, pas pour dormir.
Regardez les avenues : eau qui coule partout, trous gigantesques, insalubrité généralisée.
Moi-même, devant ma parcelle, l’avenue est détruite par les camions d’une entreprise libanaise. J’appelle tous les jours la Régie des Eaux, personne ne bouge.

Les autorités ont abandonné la ville.

Et quand on veut détruire des constructions anarchiques, les mêmes Congolais crient que “c’est contre la vision du Chef de l’État”.
Non ! Un État sérieux impose l’ordre. Regardez Johannesburg : essayez de vendre du chikwangue sur la chaussée là-bas, vous verrez !

Le Chef de l’État n’est pas élu pour être flatté. Il est élu pour embellir la nation et défendre le pays.