Philippe MEIRIEU au COLLOQUE 2021 du MCLCM : La "folie" de l'évaluation

“L'objectif principal de l'évaluation scolaire devrait être l'amélioration de la formation des élèves“ estime à différentes reprises André Antibi dans son dernier ouvrage consacré à l'évaluation.
Après avoir dénoncé la règle non écrite qui veut qu'une classe comporte un certain nombre d'élèves en échec, faute de quoi l'enseignant n'est pas considéré comme sérieux, et après avoir proposé des évaluations par "contrat de confiance", l'association a décidé de revenir sur ce thème de l'évaluation et de son omniprésence dans l'Ecole.
De nombreuses questions sont posées aux participants de cette table ronde animée par François Jarraud rédacteur en chef du Café Pédagogique : évaluation sommative , évaluation formative, évaluation diagnostique mais également évaluation par les datas, justesse de l’évaluation, consignes sur l'évaluation , uniformisation de l'évaluation ....
André Antibi, Philippe Meirieu, Corinne Ottomani-Croc et Marie Françoise Brivet apportent leur contribution à cette table ronde.
Philippe Meirieu fait remarquer que tout n'est pas quantifiable. Le pédagogue ne conteste pas la nécessité d'une évaluation, puisque l'Ecole est prise dans "une contradiction relativement indépassable", qu'elle doit à la fois former et sélectionner, et que les enseignants doivent "jouer un double jeu". Mais il faut sortir de la confusion entre évaluation et notation et "se donner des indicateurs alternatifs"
Et surtout, il faut toujours considérer qu'une évaluation doit conduire à l'intériorisation d'une exigence. Elle n'a de sens que si l'élève reprend son devoir après corrections pour l'améliorer, et si l'enseignant note la seconde mouture. Pour lui, devraient être évaluées des unités de valeur non compensables entre elles, et pour chacune, la réalisation par l'élève d'un "chef d'oeuvre", d'un travail mené à son terme. Mais, s'interroge-t-il, la société a-t-elle vraiment envie de voir la fin de l'échec scolaire, "sa suppression ne poserait-elle pas plus de problèmes qu'elle n'en résoudrait ?"