PACHELBREL | May-Lucie & Benjamin

PACHELBREL
Pour Dimitri et Sophie


Ils sont beaux ces amants, ces nouveaux amoureux,
Tout-puissants, tout aimés et la terre est à eux.
Enivrés par l’amour, leur retenue s’abime,
Ils se découvrent un monde : une mise en abyme.

Ils boivent l’océan en se mangeant des yeux,
Goûtent à de nouveaux fruits au parfum délicieux,
Aventuriers, explorent un nouveau continent :
La forêt vierge ne le reste pas longtemps.

L’amour est leur raison, tout le reste est futile.
A quoi bon des bijoux, apparats inutiles ?
Mon plus beau rang de perles brille à ton sourire,
A tes yeux accrochés scintillent deux saphirs.

Et pourquoi dépenser pour un repas coûteux ?
Ta peau est un dessert qui m’est plus savoureux.
Armés de leur tendresse, ils avancent, invincibles,
Et mêmes les étoiles ne sont inaccessibles.

Les passants alentours les prennent pour des fous :
« Qu’avons-nous ? Que l’amour. Alors nous avons tout ! »


Bienheureux amoureux ! Un cupidon cupide
Vous fait croire qu’à vous deux vous rejouerez le Cid.
Hé ! ça n’est pas Corneille qui écrit votre histoire,
Mais des vautours pour qui le bien est accessoire.

L’éternité pour vous ? Non, des terres mitées
Qui sont bientôt trop chères pour rester habitées,
Où éclatent chaque heure, explosent chaque jour
Des mines dans nos rues, à chaque carrefour.

Et c’est pas ce canon qui stoppera les tirs,
Le monde est fou et n’est pas près de ralentir.
On veut que tu rapportes, que tu plantes, que tu sèmes,
A ceux qui le refusent : dona eis requiem.

T’es jeune et intrépide, tu verras en ton temps :
Si tu croques la vie ça t’arrachera les dents.
Le pain sera trop dur, tu pourras plus mâcher.
Hé ! T’as quoi dans tes mains ? Ma mie, pour mon dentier.


Mais l’amour est un or qui échappe aux puissants,
Son cours n’est pas régi par les lois de l’argent.
Et peut-être au dépens des notaires et notables
C’est le seul de nos biens qui n’est pas imposable.

Alors folie des hommes ou grâce inattendue,
Aux heures les plus sombres, une lueur ténue
Résiste, c’est l’amour qui brille aux amoureux,
Si la vie n’a qu’un temps, ce temps sera pour eux.

Et quand à nos enfants on dira leur histoire
On se trouvera surpris de tout à coup y croire :
Comment deux allumés par une folle étincelle
Allumèrent un brasier qui enflamma le ciel.


Ils n’avaient que l’amour. Pourtant, ils avaient tout.



Et... vive les mariés!

Texte : May-Lucie Meyer
Mix audio au sampler-sequencer : Benjamin Righetti


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