An Occasional Dream / Bowie Cover (Renaud Cojo, Luc Spencer)

Le rêve est une hypothèse, puisque nous le connaissons jamais que par le souvenir, mais ce souvenir est nécessairement une fabrication.
Paul Valéry.

Le film s’appelle « Une aussi longue absence » et il date de 1960. Je l’ai vu pour la première fois quelques jours après de décès de David Bowie, dans un cinéma du quartier latin à Paris. La trame est simplissime et les images sont un enchantement. Un vagabond silencieux et hagard passe à pied chaque matin devant un bistrot à l’angle d’une place dans une petite ville en bord de Seine à quelques encablures de Paris. Sur de nombreux plans on peut reconnaître l’Ile de Puteaux, la veille église en ruine, ainsi que la place où se déroule l’action du film… Les lieux ont quelque peu changé aujourd’hui.
Au fil des jours, Thérèse la bistrotière croit reconnaître son mari disparu pendant la deuxième guerre. Lui, ne présente aucun signe d’empathie, ne la reconnaît pas.
Un dimanche après-midi, elle lui propose une danse. C’est un piège. L’homme sans passé est censé en connaître le thème. D’une simple caresse dans les cheveux, Thérèse comprend très vite la raison de l’amnésie du vagabond.
En 60, Henri Colpi choisit Cora Vaucaire pour chanter la morceau qu’il vient d’écrire afin d’illustrer son oeuvre. Georges Delerue en signe la mélodie. « Trois petites notes de musique » est à présent connue dans le monde entier.
« An occasional dream » (1969) berce la même thématique que la chanson du film. Le temps réactivé par le souvenir et les trous laissés par les vestiges du passé.
:
« And I can't touch your name
For the days of fate were strong for you
Danced you far from me
In my madness
I see your face in mine… »


Pour ce deuxième hommage, une salle de cinéma dans laquelle un spectateur venu d’ailleurs est le témoin de ce jeu de miroirs.
Quatre ans après la disparition de Bowie, les espaces vierges de ma mémoire sont peuplés de fantômes. Ils dansent tous les jours.




Générique :

Choeurs : Gaël La Loom
Guitares: Joseph Doherty
Mastering : Gilles Martin
Sur des images de Henri Colpi remixées par Laurent Rojol
« Une aussi longue absence » (1960)

Renaud Cojo / No Plan / 2020 ©