Poésie : Les yeux ( René François Armand Sully Prud'homme )

« Les yeux », extrait du recueil Stances et Poèmes (1865), célèbre le regard au-delà de la mort.

Vers 1–4 : « Bleus ou noirs… Les yeux sans nombre ont vu l’aurore »
Commencement par une évocation de la diversité des yeux, qui ont contemplé la vie (l’aurore), puis reposent silencieusement dans la tombe .

Vers 5–8 : Nuit et étoiles enchantant ces regards — mais désormais les yeux sont empreints d’ombre.
Illustration de la transition entre la vie sensorielle et le mystère du deuil .

Vers 9–12 : Le poète refuse que ces yeux aient simplement cessé de voir : ils se tournent vers l’« invisible » — une dimension spirituelle, au-delà du tangible .

Vers 13–16 : L’image des astres : comme les étoiles qui s’éteignent à l’horizon mais persistent dans le ciel, les yeux fermés subsistent ailleurs — ils ne meurent pas .


Une mélancolie douce et sereine se dégage : au deuil succède une forme d’espoir résigné — la certitude que l’âme ou le regard perdure au-delà de la vie. Le poète nous invite à regarder la mort autrement : non comme une fin, mais comme un passage vers une lumière invisible mais éternelle.

✨ Ce qui rend ce poème émouvant

La lumière: opposition entre nuit, aube, étoiles — contrastes symboliques pour la vie, la mort et l’espoir.

La répétition de l’alexandrin initial (premier et dernier quatrain) crée une boucle temporelle, renforçant l’idée de continuité.

Symbolique des yeux: non seulement fenêtres de l’âme en vie, mais passeurs vers un au-delà spirituel.

Tonalité: mélancolique, apaisée, profondément humaine — approchant la question universelle de la mort sans tristesse crue, mais avec noblesse et consolation.