Edito Tchad...Couleurs nationales ou couleurs personnelles?

Parler du Tchad…
À chaque fois qu’il y a un débat qui implique de parler de politique, de ce qui se passe dans notre pays, de la pauvreté, de l’injustice, du chômage, des problèmes de santé, de l’insécurité, de la mauvaise gouvernance, et même de la religion ou du Code de la famille, on entends toujours à un moment ou à un autre, les noms Hissein Habre, Ngarta Tombalbaye…

Puis le débat change complètement de ton, et le sujet initial qui était celui de l’injustice ou du chômage par exemple, est laissé de côté…

Et brusquement encore, tout le monde devient expert de la période Tombalbayeenne ou Habreenne…

Et puis on verra des jeunes tchadiennes et tchadiens lancer des accusations plus ou moins farfelues contre l’un ou l’autre des anciens présidents, puis réclamer des excuses à l’un ou à l’autre…

Et chose curieuse, personne ne dit vraiment qui doit s’excuser à leur place…

Reprenons les chiffres… qui mentent rarement…

Nous sommes en 2021, et 50% des tchadiens vivant aujourd’hui sont nés après l’an 2000…. Ce qui veut dire qu’en 1999, nous n’étions que 8 millions de tchadiens… Et si on remonte encore le temps, en 1990, il n’y avait que 4 millions de tchadiens, ce qui signifie que sur les 8 millions de tchadiens vivant en 1999, au moins 50% n’étaient pas encore nés avant 1990… et si on remonte encore le temps, on découvrira qu’en 1970, il n’y avait que 2 millions de tchadiens, ce qui signifie que sur 4 millions de tchadiens vivant en 1989, au moins 2 millions n’étaient pas encore nés en 1970…

À ce jeu, on se rendra compte facilement aujourd’hui que les tchadiens nés avant 70 et ayant effectivement expérimenté la période de Ngarta, et qui vivent aujourd’hui, ces tchadiens et ces tchadiennes représentent peut être seulement 10% de tous les tchadiens et tchadiennes vivant aujourd’hui… ils sont moins d’un million qui peuvent valablement parler de l’époque de Ngarta, et encore, car la plupart d’entre eux étaient encore de jeunes adolescents ou de jeunes adultes quand Ngarta avait été assassiné…

Et on peut dire la même chose de l’époque de Habre… sur les 16,7 millions s de tchadiens vivant aujourd’hui, à peine 3 millions étaient présents à l’époque de HH, et la majorité de ces 3 millions étaient encore des adolescents…

Tout ça pour dire que le Tchadien d’aujourd’hui vit et expérimenté une réalité totalement différente, nouvelle… qui a commencé et qui a grandit durant l’époque du président Deby… pourquoi donc vouloir à tout prix ramener donc Ngarta et Habre dans les débats des jeunes gens qui n’en ont entendu parler que par des on dit, des jeunes gens dont le principal problème reste un chômage structurel, une impossibilité à se soigner, des difficultés pour se former, pour manger et pour vivre en toute sécurité? Des jeunes dont le pays est premier partout dans le monde sur tous les critères dd la mauvaise gouvernance, la corruption, la pauvreté, l’insécurité, l’injustice?

S’il faut réclamer des excuses à Habre, Malloum et Ngarta, on pourrait aussi bien réclamer des excuses à Rabeh, celui qui avait mis le Baguirmi à genoux, conquis le Kanem et ravagé dans des reasons une bonne partie du Moyen Chari, du Salamat et du Mandoul?

Reprenons nos esprits, et concentrons nous sur ce qui compte et ce qui est l’origine de nos problèmes… ce qui est à l’origine de nos problèmes s’appelle absence de bonne gouvernance, absence de reddition des comptes, absence de justice sociale, absence de transparence… et toutes ces absences créent le chômage, créent l’insécurité, créent le manque d’hôpitaux, créent l’insécurité alimentaire, créent la violence quotidienne dont notre pays souffre tant.

Ce sont ces absences, qui ont fait penser à certains que le drapeau leur appartenait en propre, et que d’autres tchadiens et tchadiennes ne peuvent pas le faire flotter au dessus de leurs domiciles…

Parlons donc du présent, et évitons de tomber dans les pièges de ceux qui veulent justement qu’on évite de parler du présent, parceque parler uniquement du passé leur permet de mieux diviser les tchadiens, de flouer la vigilance des jeunes…

À bientôt