LE CAPITOLE LE TRAIN LE PLUS RAPIDE DE FRANCE, L’HISTOIRE DE CE TRAIN MYTHIQUE DE PARIS À TOULOUSE

Le Capitole a été mis en service en 1967. Train rapide de première classe qui reliait Paris à Toulouse, il a marqué le début en France de l’utilisation commerciale des transports ferroviaires à grande vitesse. La grande période des « rapides mythiques » de la SNCF. Le Capitole. Pendant trente ans, élégant et confortable, « le train le plus rapide de France » avalait les 713 km, de Paris à Toulouse, en six heures, avec des pointes à 200 km/h. Au début des années soixante, l'image du chemin de fer se dégrade : les autoroutes construites aux portes de Paris s'étendent sur l'ensemble du territoire et les Caravelles, lancées par Air Inter, rapprochent les villes les plus éloignées. Un ministre, Edgard Pisani, prend conscience de ce problème. Il sait que les trains peuvent eux aussi affoler les compteurs kilométriques. Depuis les années trente, Allemands et Américains s'imposent dans ce domaine. Mis en service le 15 novembre 1960, le Capitole a connu trois périodes différentes. D’abord comme rapide de 1re classe avec supplément, numéroté 1009/1010 et composé de voitures A9 DEV inox, type 1956, munies du frein haute puissance, remorquées obligatoirement par une locomotive BB 9200 disposant du freinage rhéostatique. Mais c’est le 28 mai 1967, le grand jour. Le Capitole, à travers les forêts solognotes, entre Fleury-les-Aubrais et Vierzon, est le premier rapide à rouler à 200 km/h. Fini le vert wagon et le gris inox. Le Capitole inaugure ses habits neufs, place aux voitures « Grande Vitesse » revêtues de rouge, dessinées par Paul Arzens. Ses locomotives, les véloces BB 9200, déboulent aussi en livrée rouge vif, bande gris dauphin à la ceinture, et affichent leur état de service, bien en évidence, sur une plaque émaillée : « CAPITOLE ». On raconte que le choix de la peinture extérieure avait une influence sur la clientèle. Quand une même rame était composée de voitures rouges et de voitures vertes, il n’était pas rare de voir les passagers se carapater d’une verte pour s’installer dans une rouge… Depuis 1955, les Français se lancent à leur tour dans la course à la grande vitesse sur rail. Le 29 mars, sur la ligne des Landes, une locomotive BB 9004 atteint les 331 km\h. Mais la voie comme les caténaires ne ressortent pas indemnes de cette épreuve. Des essais et des études menées entre Paris et Vierzon montrent toutefois qu'il y a possibilité d'exploiter sur l'axe Paris-Toulouse un train à grande vitesse. C'est l'époque où la SNCF affirme que la vitesse n'est pas un luxe mais une nécessité. Le Capitole va prendre son essor. Il sera le premier à assurer une relation ferroviaire régulière à 200 km\h en France. Dès les premiers jours d'exploitation, ce train rencontre le succès. A Limoges, l'arrivée du train est un événement. Départs et arrivées déplacent à chaque fois des curieux qui, munis d'un appareil photo ou même d'un chevalet, tentent d'immortaliser l'élégant convoi rouge. De fait, les teintes de la machine se marient parfaitement avec le vert du campanile de Limoges-Bénédictins. Et la voiture-restaurant est prisée des gourmets qui sont servis comme dans une brasserie de luxe parisienne, par des serveurs stylés. Le succès est tel que tous les vendredis, de nouvelles voitures sont rajoutées. Les habitués de la ligne tentent d'oublier le terrible choc provoqué quelques mois plus tôt par le terroriste Carlos qui, le 29 mars 1982, avait déposé une bombe dans le train, laquelle avait explosé entre Ambazac et La Jonchère (5 morts et 29 blessés). Au milieu des années 80, le TGV effectue ses premiers tours de roues et l’arrivée progressive des TGV de type Atlantique sonne le glas de ce train d’exception qui effectue ses derniers trajets en septembre 1991, l'étoile du Capitole pâlit avant de s'éteindre mais qu'importe, il à déjà rejoint le cercle fermé des trains mythiques.
Photo: Yves BRONCARD