Viol et excitation

ATTENTION SUJET TOUCHY *

À part cas très extrêmes, nombreux viols sont vécus dans une ambivalence, dans ce que j'appelle des "zones grises". Et c'est bien ce qui rend le sujet sujet délicat. La vie est faite de plein de nuances.

Entre figement, sidération, syndrome de Stockholm, et parfois excitation avec dégoût de soi et de l'autre, les abus sont des expériences qui devient notre énergie vitale et sexuelle dans un but de survie.

Reconnaître les parties de nous qui ont pris une forme de "plaisir" coupable et honteux (bien différent de ce que j'appelle la Jouissance), ne sous-entend pas que l'on cautionne ce qu'il s'est passé. J'ai longtemps moi-même refusé cela par sensation de cautionner. Sans parler de la honte profonde que j'avais de moi-même.

Et avoir conscience que nous avons pu consentir dans une certaine mesure ou prendre une forme de plaisir, n'enlève en rien notre droit de reconnaître le malaise, le dégoût et les sentiments que nous avons également vécus.

Pour ma part, ayant grandi dans une école spirituelle, j'étais très connectée à mon âme et sa "volonté", et enfant j'étais aussi déjà très connectée à mon plaisir physique, avec une grosse énergie sexuelle. J'étais également consciente de beaucoup de mes pulsions "interdites", avec très peu de filtres.
J'ai donc été tellement consciente des parts de moi qui "demandaient" certaines expériences que jai longtemps refoulé la rage, la tristesse, la sideration, le chagrin profond qu'elles ont aussi réveillés en moi.

Et plus tard, j'ai vécu des expériences au contraire très souffrantes, dans lesquelles je me suis sentie abusée et trahie, et où je refusais de reconnaître les parts de moi qui pouvaient être excitées par ces situations et les "demander", même si je les ressentais. Cela me donnait la sensation que reconnaître cela revenait à cautionner les actes, à nier ma douleur et encourager. Et j'avais aussi honte et dégoût pour moi.

Prendre conscience de tous les niveaux et toutes les parties de nous : notre âme qui a "souhaité" cette expérience, les parties de nous blessées qui en retiraient des bénéfices (cela venait nourrir, malgré l'horreur des choses et la dimension peu écologique, certains besoins fondamentaux d'attention et d'affection), les parties de nous révoltées, revulsées, en rage etc. Permet d'intégrer l'entièreté de l'expérience et ce qu'elle vient nous révéler de nous-mêmes.

Il ne s'agit pas d'être dans du déni spirituel et de ne rien faire dans la matière sous prétexte que dans l'absolu tout serait juste. Si nous faisons une expérience c'est aussi pour en traverser toutes les émotions qu'elles reveillent en nous et agir.

Il ne s'agit pas non plus de s'enfermer dans une éternelle posture de victime, mais d'en faire une opportunité de rencontrer les parties de nous qui réclament énormément de notre attention.

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©️ Sarah Salomée Vasseur
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