La Mu'allaqa d'Amr ibn Kulthûm | Traduction française
Автор: almustawda'
Загружено: 2024-12-21
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Né vers 525 et mort au tournant du VIIe siècle, 'Amr Ibn Kulthûm est un cavalier arabe du Nedjd, la grande plaine centrale de l'Arabie. Il appartenait à la tribu de Taghlib, large confédération dont il dirigea en son sein le clan des Djusham fils de Bakr.
Le contexte de ce poème est le suivant : 'Amr ibn Hind, roitelet de la ville irakienne de Hirâ pour le compte des Perses Sassanides, demande à sa suite un jour : "quel Arabe refuserait que sa mère serve à boire à la mienne ?"
'Amr ibn Kulthûm, sans aucun doute, c'est le plus fier des Arabes !
Invitons-le, lui et sa mère, et nous verrons !"
Lors de la rencontre, les femmes se tenaient dans une tente séparée. La mère du roi 'Amr ordonna à la mère du cavalier 'Amr de la servir lorsque les serviteurs eurent amené le repas. Outrée d'un tel affront, elle lança en hurlant : "Si elle a si faim, elle n'a qu'à se servir elle-même !". Alerté par les cris, le cavalier 'Amr appris la mise en scène et frappa le roi 'Amr d'un coup d'épée avant de s'enfuir dans le désert.
Nous sommes quelques décennies avant l'émergence de l'Islam, dans un temps où la Péninsule Arabe vit encore dans les représentations de l'Antiquité orientale. La vie en ces déserts est rythmée par les transhumances des tribus bédouines et les caravanes marchandes qui cheminent entre les îlots sédentaires qu'on trouve du Yémen à la Syrie. Mais la vie préislamique en Arabie est surtout le théâtre de guerres incessantes entre les différents clans arabes, interrompues périodiquement par les mois sacrés qui sont le moment des foires et des rites païens autour des grands sanctuaires de la Péninsule. La Kaaba de la Mecque, temple antique d'Abraham, est le plus important de tous.
Dans ce monde à l'écart des centres de la civilisation, se forge dans le désert arabe un idéal de chevalerie et de bravoure centré sur l'honneur de la lignée et la célébration du couple antique de la virilité et de la vertu. Cet idéal vit non seulement dans les interminables vendettas tribales qui ravagent la Péninsule et la rendent inapte à toute forme étatique, mais aussi et surtout sous la plume de poètes, qui au fur et à mesure que se forme un parler arabe singulier entre le IIIe et le VIe siècle, ont acquis un rôle quasi mystique dans l'univers ethnographique d'Arabie.
La parole possède en ces temps primitifs un immense pouvoir incantatoire, en sorte que les paroles du poète, lorsqu'il vante sa tribu ou outrage celle des autres, valent autant que les choses décrites dans ses vers. Nombreuses furent à ce titre les guerres déclenchées à cause d'une satire ayant atteint l'honneur d'un clan, ou au contraire les batailles qui se réglèrent sans effusion de sang, par une simple joute verbale entre les poètes des deux tribus ennemis.
Malgré la vie pauvre et arriérée de la Péninsule Arabique, où d'obscures peuplades animées d'un romantisme orgueilleux chantent avec emphase une noblesse largement fantasmée, on trouve dans le monde préislamique deux éléments dont l'importance sera décisive dans l'émergence de la civilisation islamique issue de son sein :
La conscience que leur parler, l'arabe, est supérieure à toute autre langue. Certitude qui pousse les Arabes, jusqu'aux plus modestes, à rivaliser dans la maîtrise et le raffinement de leur langue jusqu'à intégrer la poésie dans les plus infimes évènements de leur vie.
Une proposition esthétique et morale au monde, un idéal de vie rude et farouche d'une part, sensible et généreuse de l'autre. L'amour du sabre et du parfum ; la passion de la guerre et de la tente paisible où se dévoile la bien-aimée à l'abri des regards. Dualité qui se manifeste dans le rapport de l'Arabe primitif à la femme : créature à la fois soumise socialement à son autorité pour prix de la protection qu'il lui assure, mais objet d'une fascination presque enfantine, trait particulier d'un peuple qui peinera toujours à dominer complètement sa nature profondément sentimentale.
Cette proposition au monde fait qu'il est très rare de trouver une pièce de poésie pré-classique arabe qui ne s'ouvre pas sur le récit d'une romance brisée, dans laquelle le poète, qui va bien sûr chanter la guerre et la violence, commence par indiquer que l'héroïsme du combat ne vient qu'après les commandements du coeur. Cet idéal est celui qui permettra aux Arabes de fonder l'Etat musulman sur des régions beaucoup plus civilisées que l'Arabie. Couplée à l'Islam qui apporta le droit et l'ordre au nouvel Empire, la culture arabe du désert apportera un élan chevaleresque et romantique qui fascinera les vieux peuples du Croissant Fertile.
Voix : @Osamah.ALnahary
Vidéo originale : • معلقة عمرو بن كلثوم .. ألا هبي بصحنك فاصبح...
Image : La Porte du Désert de Frederick Goodall
Traduction : @almustawda3
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