Souffrance d'un gitan

Ouais…
J’rappe pas pour pleurer, j’rappe pour qu’tu comprennes, gadjo....
La vie d’un gitan, c’est pas des vacances, c’est des chaînes invisibles....
Sois fort, fils, porte nos morts.........


J’suis né sur la route, dans un J cinq sans toit,
Le vent m’a bercé plus souvent qu’ma mère, crois-moi.
Les hivers m’ont durci, les étés m’ont brûlé,
Et j’ai appris très tôt qu’le monde voulait m’oublier....

Les gadjos parlaient, nous pointaient du doigt,
Mais aucun d’eux savait c’que c’est d’avoir froid.
J’voyais mon père rentré les mains cassées,
Et malgré la misère, jamais il s’plaignait....

On vivait d’bric et d’ferraille, d’petits boulots,
De musique, de rires, de bouts d’pains chauds.
Mais la route, elle fatigue, elle te prend des frères,
Et t’laisse seul, face au silence et la poussière....


C’est la souffrance d’un gitan,
Un cri qu’tu n’entends pas vraiment,
Sous la pluie, le vent et les jugements...

Sois fort, fils, porte nos morts.............

Nos cœurs battent loin des villes,
Sous les étoiles fragiles,
C’est la souffrance d’un gitan…

Sois fort, fils, porte nos morts..............

Y’a des soirs où j’regarde le ciel en coin,
Et j’me demande si Dieu s’souvient des miens.
Les visages s’effacent, les souvenirs s’en vont,
Mais l’feu du camp brûle encore dans mes chansons.

Ma mère priait pour qu’on nous laisse tranquilles,
Pour qu’les gosses puissent jouer sans peur des civils.
Mais la société ferme les yeux sur nos vies,
Comme si on valait rien, comme si on salissait l’pays.

Alors j’rappe nos douleurs, nos départs sans adieux,
Les mains sales mais le regard fier et pieux.
Et si t’écoutes bien, gadjo, sans jugement,
Tu verras qu’notre misère a du sang et du temps...


C’est la souffrance d’un gitan,
Un cri qu’tu n’entends pas vraiment,
Sous la pluie, le vent et les jugements...

Sois fort, fils, porte nos morts.............

Nos cœurs battent loin des villes,
Sous les étoiles fragiles,
C’est la souffrance d’un gitan…

Sois fort, fils, porte nos morts..............

On n’a pas grandi dans vos écoles,
Mais on a appris la vie, la vraie, sans rôle.
Chaque route, chaque regard, c’est une épreuve,
Mais on avance, même quand tout s’écroule, on s’meurt pas, on s’prouve.

Les années passent, les anciens s’en vont,
Le J. cinq rouille, la guitare fait l’fond.
Mais quand j’rappe, j’te jure, j’les entends encore,
Ils me disent : « Sois fort, fils, porte nos morts. »...


C’est la souffrance d’un gitan,
Un cri qu’tu n’entends pas vraiment,
Sous la pluie, le vent et les jugements...

Sois fort, fils, porte nos morts.............

Nos cœurs battent loin des villes,
Sous les étoiles fragiles,
C’est la souffrance d’un gitan…

Sois fort, fils, porte nos morts..............

quand tu croises un gitan...
Juge pas son regard fatigué...
Derrière, y’a des années d’souffrance...
Mais aussi d’amour, et d’liberté......

Sois fort, fils, porte nos morts..............
gu-ise......

zéro, deux cent vingt...