Tuto@Mate#69 Les Méthodes d’échantillonnage par réseaux par Pierre Bataille

Bien que centrales dans la démarche scientifique, les questions autour de l’échantillonnage restent souvent peu investies dans les travaux en sciences sociales. Hormis dans les cas où leurs analyses sont basées sur les résultats d’enquêtes nationales ou régionales menées par des organismes dédiées à la production de données (INSEE, DEPP, Cereq, etc.), les chercheur·es voulant mener des analyses quantitatives sont généralement obligé·es de « bricoler » à partir de ce dont elles et ils disposent : données issues du web ; questionnaire ad-hoc que l’on tente de faire circuler largement, etc. Ce faisant, même si des techniques peuvent être utilisées pour améliorer la qualité des données, les recherches menées prêtent le flanc à la critique de la non-représentativité du recrutement et des informations recueillies. Les procédés d’échantillonnage « par boule de neige », « par saturation », « par cas » se heurtent généralement à leur impossibilité pratique de réaliser ce qui est souvent représenté comme le golden standard de l’inférence : le tirage aléatoire sans remise – qui implique une connaissance a priori de l’ensemble de la population visées pour faire un plan de sondage probabiliste. 

L’idée que l’inférence découle nécessairement du tirage aléatoire mérite néanmoins d’être questionnée. Depuis plusieurs dizaines d’années, dans des disciplines telles que l’écologie ou l’épidémiologie, sont développées une série de techniques d’échantillonnage alternatives qui visent à produire des données dans un cadre inférentiel sans tirage aléatoire. Basées sur l’échantillonnage spatial ou encore par dépistage de liens (link tracing design), ces techniques sont très prometteuses pour les sciences sociales. L’objectif de notre présentation sera de présenter en partie ces techniques alternatives d’échantillonnage et, en particulier, l’une des plus connues d’entre elles : l’échantillonnage guidé par les répondant·es (respondent driven sampling ou RDS). Cette technique propose de prendre parti de l’idée selon laquelle nous sommes tout·es en lien avec n’importe quelle autre personne au bout de X mises en relation – hypothèse bien connue par les spécialistes des réseaux (et des small worlds qu’ils permettent d’identifier). Nous présenterons les principes de base de cette technique, les améliorations les plus récentes qu’elle a connues et quelques-uns des exemples où elle a fait ses preuves.

Ce tuto sera consacré à la présentation de la méthode à travers des exemples issus de diverses recherches sur les activités économiques et les activités d’innovation.

Pierre Bataille est sociologue, Maître de conférences en sciences de l’éducation à l’Université Grenoble Alpes depuis 2019 et membre du LaRAC. Ses recherches visent à analyser les logiques de production/reproduction des inégalités dans les secteurs académiques et artistiques. Il s’intéresse également aux modalités pratiques d’articulation des méthodes quantitatives et qualitatives, tant du point de vue de l’échantillonnage que des analyses.

Ce webinaire, tenu le 13 mars 2025, fait partie de la série des Tuto@Mate du réseau Mate-shs. Plus d'informations sur le tuto (par exemple slides, liens utiles) sur le site de Mate-shs : https://mate-shs.cnrs.fr/actions/tuto...
et sur Mate-shs : https://mate-shs.cnrs.fr